La feuille d’automne

Rédigé le 14/01/2021

Octobre 2018 : Emportés par un élan présenté comme populaire, des manifestants se rassemblent pour dire “ça suffit”.

Rapidement ce mouvement trouve ses codes, ses symboles, son identité.

Nous assistons à l’émergence de ces mouvements libertaires que les Français affectionnent tant.

Rappelons-nous des « Nuits Debout » en marge de la loi travail en mars 2016, ou des « Bonnets Rouges », à l’automne de la même année.

Jacquerie, mouvement poujadiste, insurrection, révolution, rébellion, ces mouvements trouvent de multiples qualificatifs dans la bouche des analystes.

Dans le cas des « Gilets Jaunes », si la taxe carbone a été l’étincelle qui a allumé la mèche, le mouvement s’est vite transformé en cacophonie revendicative… Chacun la sienne !

Au fil des semaines de contestation, ce mouvement revendiqué apolitique, asyndical et sans doctrine, arbore son drapeau, propulse sur les réseaux sociaux ses néo leaders qui haranguent les foules avec des slogans simplistes en 280 caractères, et inventent de nouveaux modes d’action.

Pour certains s’organiser est nécessaire, quand d’autres insultent, intimident, menacent ceux qui tentent de prendre la parole publique.

Faute de leader reconnu, l’esprit citoyen revendiqué au départ sera rapidement supplanté par des partisans, des militants politiques historiques, camouflés en « gilets jaunes ».

De manifestations pacifistes, nous passerons à la destruction, aux blessés, et aux morts.

D’un mouvement populaire, à celui d’un état de révolte.

Empreint de liberté, à FO, nous avons respecté ce mouvement, comme sa volonté d’indépendance politique et syndicale.

A FO nous étions sensibles à bon nombre des revendications affichées et que nous portions nous-même d’ailleurs depuis longtemps, souvent dans l’indifférence générale !

Mais à FO nous continuons de penser que la représentativité dans des organisations structurées, malgré les défauts que cela peut parfois induire, reste la meilleure solution pour défendre les intérêts collectifs.

Alors au final, que reste-t-il de tout cela ? Quel résultat concret pour les protestataires originels ? Que reste-t-il de ces semaines de « luttes » ? Que reste-t-il de l’expression directe et qu’a-t-elle produit concrètement ?… Si ce n’est la gloire éphémère de quelques tribuns !

D’aucuns répondront que la prise de conscience, l’éveil citoyen, le souhait de s’autodéterminer en sont la victoire.

D’autres parmi nos dirigeants auront saisi cette opportunité, pour prétexter qu’il faut injecter plus de démocratie directe et partout… Au risque même de saborder le crédit et la légitimité qui restent encore aux organes politiques, syndicaux et paritaires de représentation.

Pour autant à FO, nous sommes satisfaits de voir qu’une partie de la population s’intéresse de nouveau à la chose publique, à son avenir et à la protection des avancées sociales si chèrement gagnées.

L’expression de démocratie directe est possible. Mais elle nécessite d’éveiller les esprits, elle oblige à s’informer, à expliquer, à justifier, à débattre démocratiquement pour tracer une ligne commune.

A FO, nous la pensons possible parce que nous la pratiquons au quotidien au sein d’AIRBUS, où nous agissons dans l’intérêt des salariés, avec eux, et dans toutes les instances où s’exerce le pouvoir de décision.

Notre engagement est républicain et démocratique. Il nous pousse à revendiquer notre liberté, à assumer notre indépendance et à gagner notre représentativité, par le suffrage.

Vous choisissez librement ceux qui doivent porter votre parole… Et si vous n’êtes pas satisfaits, vous disposez d’un grand nombre de moyens démocratiques pour le faire savoir !

Celui qui souhaite à son tour représenter l’intérêt collectif peut le faire, en rejoignant l’Organisation Syndicale qui porte ses convictions, le paysage syndical Français est d’une richesse incroyable, à FO nous avons toujours été attachés à ce pluralisme syndical, seule véritable garantie de liberté.

Il peut même si cela ne suffisait pas, créer la sienne…

« A FO, nous sommes plus que jamais attachés à notre modèle social et à son organisation dans le dialogue, la concertation et le contrat. »

Pour FO, ces mouvements sociaux, spontanés, hétéroclites et qui s’émancipent de toutes organisations structurées, prennent le risque de n’aboutir qu’à des réponses sous forme de saupoudrages destinés à satisfaire des intérêts individuels de courte vue, au détriment de l’intérêt général et des accords collectifs et surtout de ne pas s’inscrire dans le temps.

A l’heure où certains considèrent notre modèle social comme obsolète et avant qu’ils ne s’affairent à sa refonte, à FO nous les invitons à faire le bilan de cette période.

En matière de dialogue social comme dans beaucoup d’autres domaines, à vouloir le changement pour le changement, on peut  aussi y perdre beaucoup.

A FO, nous sommes plus que jamais attachés à notre modèle social et à son organisation dans le dialogue, la concertation et le contrat.

Pour FO la démocratie ce n’est pas obéir ou subir, c’est adhérer, participer, s’investir, débattre, bâtir un avenir commun.

Jusqu’à preuve du contraire, c’est ce modèle qui a contribué au succès d’AIRBUS et à l’épanouissement de ses salariés depuis plus de cinquante ans.

Jusqu’à preuve du contraire, c’est ce modèle qui a contribué à maintenir la paix dans notre pays.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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